PRESIDENTIELLES AU MALI : IBRAHIM BOUBACAR KEÏTA REELU

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[:fr]Le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta remporte l’élection présidentielle avec 67,17 % des voix contre 32,83 % pour son adversaire Soumaïla Cissé selon les résultats officiels publiés ce jeudi 16 août.

Même match retour, mêmes protagonistes et finalement mêmes résultats. C’est donc Ibrahim Boubacar Keïta qui remporte le second tour de l’élection présidentielle malienne du 12 août avec 67,17 % des suffrages contre 32,83 % pour son adversaire et opposant Soumaïla Cissé. Le taux de participation est de 34,54 %. L’annonce a eu lieu ce matin à 9 h 30 heure locale par le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf. Reconduit à la tête du palais de Koulouba, l’homme fort du Mali aura la lourde tâche de renforcer la sécurité d’un pays toujours en convalescence, sous le coup de la menace djihadiste malgré les interventions militaires internationales. Ces résultats officiels provisoires doivent désormais être validés par la Cour constitutionnelle.

 

UNE VICTOIRE SANS SURPRISE

C’est dans un contexte de tension qu’ont été annoncés ces résultats officiels provisoires. Alors qu’ils étaient attendus pour mercredi, c’est tôt ce jeudi 16 août que le ministre de l’Administration territoriale a mis fin à l’attente des Maliens. Et pour cause, l’acheminement de certains procès-verbaux de localités du nord et du centre de cet immense pays avait pris du retard. Dans ce climat, la tension est montée d’un cran avec l’absence d’Internet dans Bamako sur les réseaux mobiles qu’ont constaté de nombreux journalistes et les populations. « Ma 3G ne marche pas depuis hier soir. Le Wifi à la maison, sur une ligne fixe Malitel, marche plutôt bien pour le moment », a indiqué un photographe travaillant pour l’AFP.

La mission des observateurs électoraux de l’UE au Mali avait exhorté les autorités à « garantir l’accès sans entraves à Internet et aux réseaux sociaux », après des perturbations constatées lors du premier tour. Et ce d’autant plus que, jusque dans les dernières heures avant l’annonce des résultats officiels provisoires, l’opposant Soumaïla Cissé avait annoncé à ses partisans qu’il « rejetait » l’issue du scrutin. Il a appelé les Maliens « à se lever contre la dictature de la fraude ».

 

IBK, UN VIEUX BRISCARD DE LA POLITIQUE MALIENNE AUX MULTIPLES FACETTES

Ibrahim Boubacar Keïta, plus connu de ses compatriotes sous le surnom d’IBK est un vieux routard de la politique malienne, né en 1945 à Koutiala, située dans la région de Sikasso, dans le sud-est du Mali, près de la frontière avec le Burkina. Issu d’une famille nombreuse, il a commencé sa scolarité dans cette région natale avant de s’envoler pour Paris en 1958 lorsqu’il remporte le concours général organisé par les Français dans chacune de leurs colonies. Les établissements les plus prestigieux de Paris lui ouvrent leurs portes. Janson de Sailly pour le lycée, puis retour au lycée Askia Mohamed de Bamako comme l’a souhaité sa mère. Le bac en poche, il s’inscrit à la faculté des lettres de l’université de Dakar, puis à la Sorbonne, à Paris, où il effectue une maîtrise d’histoire. Également diplômé en relations internationales, il est, après ses études, chargé de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). C’est en 1992 qu’IBK découvre la politique après un début de carrière dans l’aide au développement. Il devient alors le protégé d’un certain Alpha Oumar Konaré, ancien président malien qui en fait tour à tour son conseiller diplomatique, son porte-parole, son ministre des Affaires étrangères et enfin son Premier ministre entre 1994 et 2000.

Pendant qu’il étudiant à Paris, IBK a été responsable de l’Association des étudiants et stagiaires maliens en France (AESMF), qui était une des sections de la Fédération des étudiants africains de France (FEANF). Il y rencontre notamment Alpha Condé, actuel président guinéen. L’engagement militant d’IBK contre le régime militaire alors en place à Bamako lui vaudra par ailleurs une suspension de sa bourse d’études octroyée par l’État malien. Mais rien arrête la motivation du jeune étudiant qui se décrit alors comme socialiste, il enchaîne les petits boulots en tant que manutentionnaire ou ouvrier chez Citroën. Ex-karatéka, IBK a obtenu un 2e Dan. Un palmarès qui tranche avec sa vie de fêtard dans les boîtes de nuit parisiennes, amateur de cigares qu’il fut.

Marié à Aminata Maïga Keïta, avec laquelle il a eu quatre enfants, IBK est un musulman pratiquant qui se rend chaque vendredi à la mosquée, fait le pèlerinage à La Mecque. Ce qui le rapproche de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), sorte de relais entre les associations musulmanes, les mosquées et les autorités. Un atout de taille qui place IBK naturellement sous les bons auspices de nombreux chefs religieux du pays. Après ses échecs aux présidentielles de 2002 et 2007, où il avait été battu coup sur coup par Amadou Toumani Touré, c’est en 2013 qu’il a enfin accès au palais de Koulouba après une large victoire saluée par les Maliens.

 

UN DEUXIEME MANDAT POUR MIEUX FAIRE

Entre-temps la donne du djihadisme a tout changé. La communauté internationale attend du vainqueur, qui entrera en fonctions le 4 septembre, qu’il relance l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à dominante touareg, dont la mise en œuvre accumule les contretemps et qui n’a pas empêché les violences de se propager du nord vers le centre du pays et vers le Burkina Faso et le Niger voisins. L’ONU mène également dans le pays sa plus importante mission actuelle, tandis que la force du G5 Sahel s’y déploie progressivement.

Bien que son bilan soit mitigé, Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK » 73 ans, avec ses 41,70 % des suffrages récoltés au premier tour disposait d’une confortable avance sur Soumaïla Cissé, 68 ans, qui n’a été crédité que de 17,78 % des voix et n’a pas su réunir l’opposition derrière sa bannière.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé « toutes les parties à conserver le calme jusqu’à la conclusion du processus électoral, [tout] en évitant les rhétoriques incendiaires ».

À Bamako, la communauté internationale représentée au Mali a « rappelé aux deux candidats leurs engagements en faveur de campagnes pacifiques avant et après le processus électoral », les encourageants « fortement » à « utiliser les canaux légaux et constitutionnels pour régler les différends ». Un climat qui tranche assurément avec celui de 2013, où Soumaïla Cissé, vaincu dans les urnes était allé féliciter en personne le vainqueur IBK, à son domicile du quartier de Sebenikoro, à Bamako.

 

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