PRESIDENCE TOGOLAISE : AVOCATS, UNIVERSITAIRES, JOURNALISTES… ECRIVENT A TINUBU POUR DENONCER LES AMBITIONS DE FAURE GNANSSIGBE A LA.’’PRESIDENCE A VIE »

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 Des avocats, journalistes, défenseurs des droits de l’homme, responsables d’organisation de la société civile de part le monde, saisissent le président en exercice de la CEDEAO, le président nigerian Ahmed Bola Tinubu.Le pouvoir togolais est au cœur  des malaises qui minent aujourd’hui la sous-région ouest-africaine, et la crise au Niger ne doit pas faire oublier le cas Faure Gnassingbé du Togo. LIRE ci -dessus la substance de la lettre

 

ETTRE OUVERTE
Son Excellence Adekunle Ahmed Asiwaju Bola
Tinubu, président en exercice de la Communauté
Économique des États de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO), 101, Yakubu Gowon Crescent, Asokoro
District, P.M.B 401, Abuja, NIGERIA
E-mail : info@ecowas.int
Lomé, 1er septembre 2023
OBJET : LA CRISE AU NIGER NE DOIT PAS FAIRE OUBLIER LE CAS
FAURE GNASSINGBÉ DU TOGO
Excellence Monsieur le Président en exercice de la CEDEAO,
1. La vision des pères fondateurs de notre organisation régionale, la CEDEAO, lors
de sa création en 1975, était d’améliorer le bien-être et la prospérité de tous les
citoyens de la Communauté. Cette vision a été judicieusement résumée aux
articles 3 du Traité de Lagos créant la CEDEAO et du Traité-Révisé de juillet
1993 comme suit : promouvoir la coopération et l’intégration dans la perspective
d’une Union économique de l’Afrique de l’Ouest en vue d’élever le niveau de vie
de ses peuples, de maintenir et d’accroître la stabilité économique, de renforcer les
relations entre les États Membres et de contribuer au progrès et au développement
du continent africain.
2. Connue pour être un des modèles du monde des organisations régionales, la
CEDEAO est une fierté de toute l’Afrique au regard de son but principal. Pour
atteindre cet objectif, tous les pays membres de la Communauté ont adhéré aux
« Principes fondamentaux de la CEDEAO » consacrés à l’article 4 du Traité qui
prévoit, entre autres, le respect, la promotion et la protection des droits de
l’homme et des peuples ; la transparence, la justice économique et sociale et la
participation populaire au développement ; la promotion et la consolidation d’un
système démocratique de gouvernement dans chaque État Membre tel que prévu
par la Déclaration de principes politiques adoptée le 6 juillet 1991 à Abuja.
3. Pour parvenir à cette fin, notre Organisation a adopté les Visions 2020 et 2050.
Comme principe directeur d’une CEDEAO des peuples, la Vision 2020 s’était
assignée pour mission fondamentale de passer d’une CEDEAO des États à une
CEDEAO des peuples, en s’appuyant sur cinq piliers : la paix et la sécurité, la
bonne gouvernance, la mise en valeur des ressources de la région, l’intégration
économique et monétaire et la promotion du secteur privé. Elle invite à une
réorientation significative dans la conduite des affaires nationales et régionales, y
compris l’intégration de certains principes et valeurs fondamentaux. Ce qui
implique que le bien-être et les intérêts des populations doivent être assumés par
des dirigeants qui soient comptables vis-à-vis de leurs citoyens et fassent preuve
d’un haut degré d’intégrité dans la gestion des ressources publiques nationales. Il
s’agit de créer une région sans frontière, paisible, prospère et cohérente, bâtie sur
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la bonne gouvernance, où les populations ont la capacité d’accéder, d’exploiter ses
énormes ressources par la création d’opportunités de développement durable et de
préservation de l’environnement. En somme, une région unifiée et compétitive,
qui est intégrée dans l’espace économique continental et mondial ; régie par les
principes de bonne gouvernance politique et économique, de transparence et
d’obligation de reddition des comptes dans l’utilisation des ressources publiques
nationales et où les droits humains fondamentaux sont protégés et respectés ; ce
qui nécessite de façon impérative et urgente le renforcement et l’enracinement des
institutions de la gouvernance démocratique, en s’appuyant sur les normes
internationales appropriées ; une région capable d’intégration, gouvernée
conformément aux principes de démocratie, d’État de droit et de bonne
gouvernance, avec pour soubassement une gestion alternée du pouvoir politique
au sommet de l’appareil étatique.
4. L’évaluation de l’état d’avancement de ce processus d’intégration depuis
l’adoption de la Vision 2020 a permis cependant de mettre en lumière de
nombreuses insuffisances, avec en toile de fond l’occultation et la non-prise en
compte des besoins cruciaux et des aspirations fondamentales des populations
ouest-africaines, ce qui a conduit la Commission de la CEDEAO à réorienter la
Communauté vers une nouvelle vision : la Vision 2050.
5. Il s’agit d’une démarche prospective, avec pour scénario de référence « Le
flambeau de l’Afrique », dont l’énoncé et le socle reposent sur l’idée d’une
Communauté de peuples pleinement intégrée dans une région paisible, prospère,
avec des institutions fortes et respectueuses des libertés fondamentales et œuvrant
pour un développement inclusif et durable. Elle repose sur cinq piliers
fondamentaux à savoir : Paix, Sécurité et Stabilité ; Gouvernance et État de Droit ;
Intégration Économique et Interconnectivité ; Transformation et Développement
Inclusif et Durable ; Inclusion Sociale. La Vision 2050 se donne pour principes
directeurs le leadership et la volonté politique, l’appropriation et la responsabilité
partagée, la complémentarité et la subsidiarité, la transparence et la redevabilité, la
durabilité.
6. Au demeurant, la CEDEAO doit son pragmatisme certes au leadership de ses
États Membres, en particulier du géant Nigeria, avec sa maturité démocratique
caractérisée par ses alternances politiques régulières au sommet de l’État, et son
économie prospère soutenue par une stabilité monétaire. Ce leadership a été aussi
d’une puissance efficiente grâce au dispositif institutionnel de la CEDEAO,
notamment le Conseil des ministres, la Commission, le Parlement, la Cour de
justice de la Communauté, le Conseil de Médiation et de Sécurité, le Comité
Administration et Finances, les Institutions et Agences spécialisées de la
Communauté, les Comités Ministériels Sectoriels et Commissions Techniques
Spécialisées, le Bureau de l’Auditeur Général, mais aussi et surtout la Conférence
des chefs d’État et de Gouvernement dont vous êtes aujourd’hui le Premier
Représentant.
7. De nos jours cependant, la sous-région ouest-africaine est en proie à d’instabilités
et des crises politiques, économiques, sociales et sécuritaires, avec en toile de fond
les attaques terroristes, les coups d’État militaires et institutionnels, les hold-up
électoraux, les changements anticonstitutionnels au sommet du pouvoir d’État. Et
cela mérite une attention particulière de notre part, de votre part.
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Des crises politiques qui ternissent l’image de marque de la Communauté
8. En l’espace de trois ans, entre 2020 et 2023, la sous-région ouest-africaine a
connu cinq coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso (02), en Guinée-
Conakry et au Niger. Et à chaque fois, la réaction de la CEDEAO est restée la
même : condamner l’acte lui-même et demander le retour à l’ordre constitutionnel.
Sauf que cette litanie de sanctions n’a jamais été suivie d’effets jusqu’alors.
9. Le fait particulièrement marquant est que bien avant ces coups d’État militaires,
des voix se sont constamment élevées, qui pour dénoncer les changements
constitutionnels scélérats et les braquages électoraux à des fins de conservation du
pouvoir d’État ; qui pour décrier la gestion calamiteuse des richesses nationales et
leur accaparement par les minorités gouvernantes ; qui enfin pour dénoncer la
gestion complice des crises sécuritaires nées de la menace et de l’avancée des
groupes terroristes.
10. Seulement, à aucun moment, la CEDEAO n’a levé le ton pour condamner ces
pratiques fort attentatoires à la paix, au respect des droits de l’homme, de l’État de
droit, de la démocratie, du développement et de l’intégration, toutes choses que la
CEDEAO s’est fixée pour objectif à atteindre. Les exemples sont légion, outre
dans les pays suscités, au Togo, en Côte d’Ivoire, au Sénégal.
Le pouvoir togolais comme l’épicentre des maux dont souffre la CEDEAO
11. Fermé à toutes les formes de réformes en vue de consolider la bonne gouvernance,
le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, l’État de droit et la
démocratie, il n’est nullement pas exagéré de nos jours d’affirmer que le pouvoir
togolais reste l’épine dorsale des coups de force permanents, le point de départ de
la fragilisation de l’Institution communautaire, l’épicentre des maux dont souffre
la CEDEAO, et pour cause :
Le pouvoir togolais, berceau des coups d’État militaires
12. Le pouvoir togolais actuel, qui n’est autre que la continuité du régime militaire et
monopartite instauré depuis 1967, est le premier à avoir perpétré le premier coup
d’État militaire sanglant en Afrique de l’Ouest avec l’assassinat, dans la nuit du 13
au 14 janvier 1963, de Monsieur Sylvanus Olympio, premier président
démocratiquement élu après l’indépendance du Togo. Depuis, le destin du Togo et
du peuple togolais a fortement et durablement basculé.
Le régime togolais, chantre des coups de force constitutionnels, institutionnels et
des hold up électoraux
13. Au décès du président Eyadema Gnassingbé le 5 février 2005, la haute hiérarchie
militaire fait allégeance, la même nuit, à son fils Faure Essozimna Gnassingbé qui
prend le pouvoir à la suite d’un triple coup d’État militaire, constitutionnel et
électoral, en violation de l’article 65 de de la Constitution qui prévoit qu’en cas de
vacance de la présidence de la République par décès, démission ou empêchement
définitif, la fonction présidentielle est exercée provisoirement par le Président de
l’Assemblée nationale ; la vacance est constatée par la Cour Constitutionnelle
saisie par le Gouvernement. Singulièrement, Monsieur Faure Gnassingbé, alors
ministre des Mines, de l’Équipement et des Télécommunications, redevient tour à
tour député, vice-président de l’Assemblée nationale, prend la place du président
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de l’Assemblée nationale d’alors, Monsieur Fambaré Ouattara Natchaba, empêché
par le régime de rentrer au Togo et redevient président de la République par
intérim. Il remporte ensuite l’élection présidentielle organisée en avril 2005 dans
une opacité totale et dans un bain de sang. Les rapports d’enquêtes de la Ligue
togolaise des droits de l’homme (LTDH) et de l’Organisation des Nations Unies
(ONU) ont annoncé entre 400 et 811 morts. Dans les mêmes conditions, il sera
réélu en 2010, 2015 et 2020, puis s’apprête à se représenter pour son cinquième
mandat en 2025.
14. La principale curiosité est que le Togo est le seul pays de la sous-région ouest-
africaine à n’avoir pas connu d’alternance politique au sommet de l’État ; mais
aussi, tous les chefs d’État de la sous-région qui ont accédé au pouvoir en 2005
comme Monsieur Faure Gnassingbé ont déjà quitté les reines du pouvoir et passé
le témoin dans leurs pays respectifs. La seconde curiosité non moins condamnable
est que la CEDEAO était à toutes les étapes de ces coups d’État et de force
constitutionnels, institutionnels et les hold-up électoraux au Togo,
particulièrement en 2005, 2010, 2015, 2018 et 2020.
15. Lors des différentes implications de la CEDEAO dans la gestion des crises
politiques successives au Togo, ces faits ont été constamment portés à la
connaissance de vos prédécesseurs, leurs Excellences Issoufou Mahamadou et
Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, par les leaders d’opinion et les organisations de
la société civile togolaise dans leurs correspondances des 26 août et 16 octobre
2020. Mais à part les discours complaisants, l’Organisation n’a rien dit et rien fait
de concret pour mettre un terme à ces coups de force permanents.
Le régime togolais, pionnier des troisièmes mandats, inventeur et promoteur de la
notion de compteur à zéro
16. Le Togo est le premier pays de la sous-région ouest-africaine qui s’est opposé à
l’exigence de la limitation des mandats présidentiels à deux, et est le premier pays
de notre espace communautaire où le président de la République fait plus de trois
mandats, exerce donc le quatrième, avec l’intention de briguer un cinquième.
Toutes les tentatives de la CEDEAO pour ramener le Togo au respect des bonnes
pratiques démocratiques ont été vaines avant la dernière esquisse en 2018, où en
pleine crise politique, l’Institution sous-régionale a envoyé un expert
constitutionnaliste afin de doter le pays d’un fondement constitutionnel viable et
durable dans l’optique de mettre fin aux multiples crises politiques. Mais le
pouvoir togolais a saboté cette dynamique. S’étant doté d’un parlement mécanique
à travers une sanglante répression militaire en décembre 2018, et dont les victimes
croupissent encore en prison [au mépris des règles de droit et des décisions de la
Cour de justice de la Communauté CEDEAO ordonnant leur mise en liberté
immédiate et sans condition], le chef de l’État, Faure Gnassingbé, s’est taillé une
constitution sur mesure, sur fond du culte de sa personnalité pour se doter d’un
pouvoir absolu, en ignorant toutes les autres formes de pouvoir mis en exergue par
la CEDEAO dans son Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance adopté
à Dakar en décembre 2001.
17. Désormais, le virus des troisièmes mandats et du compteur à zéro va transiter par
la Côte d’Ivoire de Monsieur Alassane Dramane Ouattara et hanter l’esprit de son
homologue Macky Sall au Sénégal, avec son cortège de pertes en vies humaines et
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autres violations massives des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Très proche de notre sous-région, l’actualité au Gabon de Monsieur Ali Bongo
reste aussi la plus illustrative des conséquences des coups d’État constitutionnels,
des hold-up électoraux, de la volonté de s’éterniser au pouvoir contre la volonté
des peuples ; et surtout lorsqu’on sait le rapprochement entre le pouvoir du Togo
et celui du Gabon en termes de pouvoirs héréditaires et dynastiques.
18. La course aux troisièmes mandats fait en effet appel à des manœuvres souvent
orchestrées pour la longévité au pouvoir, qui engendrent d’énormes répercussions
sur les vies humaines, la stabilité, le développement économiques et politiques.
Elles comportent, en fin du processus, une farce électorale suivie d’une chasse
impitoyable aux opposants politiques, dont certains sont arrêtés, d’autres s’exilent,
et d’autres assassinés. Les allégeances sont obtenues grâce au pouvoir de l’argent,
le clientélisme et les intimidations. Les présidents élus à la fin de telles
manœuvres ne connaissent pas de limites dans leurs prérogatives ; désormais, ils
se croient tout permis et deviennent potentiellement dangereux et constituent une
menace pour les libertés fondamentales, individuelles et collectives. C’est ainsi
qu’au Togo, on compte plusieurs dizaines de prisonniers politiques, après avoir
subi des actes de torture, d’opposants politiques et de journalistes de la presse
privée contraints à l’exil et une restriction sempiternelle de l’espace civique
caractérisée par le refus systématique des manifestations pacifiques ; sans compter
l’usure du pouvoir et la lassitude sociale. L’institution judiciaire est fortement
inféodée au pouvoir politique d’État, les organismes de gestion des élections,
notamment la Commission électorale nationale indépendance et la Cour
constitutionnelle, tous acquis à sa solde pour satisfaire sa boulimie du pouvoir et
sa gestion illimitée, sans borne, ni partage.
19. N’ayant pas de culture de séparation et de respect des Institutions, le chef de l’État
togolais se moque éperdument des décisions de la Cour de justice de la
Communauté CEDEAO, mais ne trouve aucune gêne à se présenter de façon
élégante aux différents sommets de l’Institution à la charge du contribuable ; voire
se proposer, en parfait contraste avec sa politique interne, en mission de bons
offices, notamment au Mali, au Burkina Faso et récemment au Niger, pour berner
et flouer la Communauté internationale.
20. Face à ces pratiques antidémocratiques, le silence de la CEDEAO a occasionné un
effet de contagion, voire de pandémie dans la sous-région, notamment en Guinée,
en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Ceci a donné l’occasion au coup d’État militaire
en Guinée-Conakry, d’où sont parties les ambitions présidentielles chez les
militaires, avec deux coups d’État militaires au Burkina Faso et celui du Niger,
sans oublier les tentatives avortées en Sierra Leone et au Nigeria.
21. Il convient donc de chercher la cause profonde des coups d’État militaires dans les
coups d’État institutionnels, constitutionnels et électoraux, cela permet de trouver
des solutions durables et non conjoncturelles ; car la démarche constante et
habituelle de la CEDEAO, qui consiste à opposer l’ordre constitutionnel au droit
naturel et inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes, à résister contre
l’oppression et la tyrannie paraît désormais vétuste et surannée. Il est donc temps
que la CEDEAO comprenne que chaque dirigeant de son espace a un contrat
spécifique avec son peuple, membre à part entière de toute la Communauté
CEDEAO, du moins en matière de gouvernance interne des peuples et de gestion
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des ressources. En somme, tant que la CEDEAO tolérera les coups d’État
institutionnels et constitutionnels, les hold-up électoraux qui permettent la gestion
monopartite du pouvoir d’État, l’accaparement des richesses nationales par la
minorité gouvernante, les présidences à vie, son combat a posteriori contre les
coups d’État militaires, quoique noble, ne sera pas bien vu et compris des peuples.
En effet, on ne peut pas condamner des coups d’État militaires lorsqu’on ne
condamne pas ceux qui font des coups d’État institutionnels et constitutionnels. Il
est alors grand temps de s’intéresser aux causes du malaise et non de se
préoccuper qu’à ses conséquences.
22. En pleine crise togolaise de février 2018, votre prédécesseur, Monsieur
Muhammadu Buhari déclarait que « les transitions pacifiques sur le continent
[africain] ne sont plus négociables compte tenu du poids que font peser les crises
politiques sur l’économie et sur les citoyens ordinaires » ; il faut donc
« empêcher que les transitions politiques ne dégénèrent en crise, afin que les
citoyens puissent consacrer leurs énergies et leurs ressources sur les questions de
développement, plutôt que d’essayer de survivre à des bouleversements
politiques ». En fait de peuple ouest-africain qui survit quotidiennement aux
bouleversements politiques, le peuple du Togo en est une parfaite illustration.
23. Dès lors, toute la réflexion sur les meilleures formes de gouvernement de notre
espace communautaire doit insister sur la nécessaire modération du pouvoir
politique, afin d’éviter les risques de sédition créés par ses débordements. Dans
cette optique, le cas du Togo mérite une attention particulière. Et de ce qui
précède donc, l’essor de la démocratie dans la CEDEAO doit partir du règlement
de la crise sociopolitique au Togo, et au regard du diagnostic, il s’impose
également une transition à la suite du coup d’État constitutionnel de 2019 et du
coup d’État électoral de 2020, pour ne citer que ces cas plus récents. Dans cette
dynamique, il n’est nullement possible, mieux il est inadmissible, encore moins
envisageable que le chef de l’État togolais Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé
prétende se présenter à l’élection présidentielle de 2025. C’est d’ailleurs pour cette
raison que la société civile togolaise met en exergue trois (03) principaux points
de départ largement approuvés par les partis politiques de l’opposition :
le retour de tous les exilés politiques,
la libération de tous les prisonniers politiques,
la tenue des assises nationales entre filles et fils du Togo sous l’égide de la
communauté internationale en vue d’opérer les profondes réformes
politiques, électorales et sociales qui s’imposent à la nation togolaise dans
son ensemble.
Excellence Monsieur le Président,
24. Il devient nécessaire et impérieux de préserver la crédibilité des autres organes de
la CEDEAO. La perte de crédibilité de la Conférence des chefs d’État et de
Gouvernement de l’Institution communautaire risque d’entacher la bonne image
de la Cour de justice de CEDEAO, qui par son indépendance et son impartialité a
acquis progressivement la confiance des justiciables de la sous-région ouest-
africaine. Aussi, l’armée de la CEDEAO, l’ECOMOG jusqu’alors restée crédible
aux yeux de l’opinion publique par ses interventions approuvées au Liberia, en
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Gambie et en Guinée-Bissau, a-t-elle besoin de préserver cette bonne audience. Il
serait très imprudent, voire hasardeux donc de l’engager dans des actions
impopulaires qui vont compliquer la situation et fragiliser la stabilité dans la sous-
région. C’est pourquoi, pour ce qui est de la crise au Niger, nous approuvons un
règlement diplomatique et pacifique.
25. En outre, la CEDEAO a besoin d’opérer des réformes consistantes pour consolider
la démocratie et les acquis d’État de droit et des droits de l’homme dans tous ses
États Membres. Et nous avons la ferme conviction qu’étant donné que c’est au
Togo que la CEDEAO a commencé par perdre la face, ce qui a créé un
phénomène de transmission de mauvaises pratiques en matière de conquête, de
gestion et de transmission du pouvoir politique, une résolution efficiente et
durable de la crise togolaise aura pour résultat immédiat de redorer son image à
notre Institution communautaire. Par ce fait d’ailleurs, la CEDEAO mettra fin aux
ambitions de présidence à vie comme au Togo et en Côte d’Ivoire, et posera par
voie de conséquence les véritables jalons d’une CEDEAO qui passe de la
CEDEAO des États à la CEDEAO des peuples.
Excellence Monsieur le Président,
26. Lors de la 63ème Session de la Conférence des chefs d’État et de Gouvernement de
la CEDEAO tenue en juillet 2023 en Guinée-Bissau, vous avez déclaré : « Nous
devons être des défenseurs de la démocratie. Sans la démocratie, pas de bonne
gouvernance, pas de libertés, pas de lois. La démocratie est le meilleur système de
gouvernance. Nous n’allons plus tolérer les coups d’État successifs et les
changements anticonstitutionnels dans la région ». Ce plan d’action que vous
avez savamment dégagé est à l’aune de la Vision 2050 de notre espace
communautaire et en l’honneur de la grandeur du Nigeria.
Dans l’attente que le contenu de notre lettre retienne votre bienveillante attention,
nous vous prions de croire en l’expression de notre très haute considération.
Pour les signataires :
Agbogan G. Célestin Kokouvi, avocat au barreau du Togo, président Ligue
togolaise des droits de l’homme / Togo
Agbémadokponou Komi Daguerre, président de l’Association de lutte contre
l’analphabétisme pour le développement social / Togo
Agouzou Ricardo Aklesso, journaliste, président du mouvement Flambleau du
peuple / Togo
Alioune Tine, fondateur du Think tank Afrikajom Center / Sénégal
Amah Poko Olivier, ancien président de l’Association des victimes de torture au
Togo / diaspora Togo
Amédodji Kokou Philippe, secrétaire général de l’Union des diasporas africaines /
diaspora Togo / Belgique
Amegah Kuassi Cisco, porte-parole du MED / Mouvement Eha-Dzin-diaspora
Togo
Aménuvévé Basile, journaliste, ancien président de la Synergie des élèves et
étudiants du Togo / Togo
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Amos Sylvain, journaliste, radio Kanal K et Avulété en Suisse, diaspora Togo
Assogbavi François, entrepreneur, diaspora Togo / France
Atcholi Kao Monzolouwè B. E., président de l’Association des victimes de torture
au Togo / Togo
Awumé Nicolas, Coordinateur Togo pour un nouveau contrat cocial, diaspora
Togo / France
Ayité Mensah Ferdinand, journaliste d’investigations, directeur de publication de
L’Alternative / diaspora Togo
Ayivi Raymond, professeur et Expert Risques, ex-coordinateur général du Conseil
mondial de la diaspora togolaise et de la Coalition de la diaspora togolaise pour
l’alternance et la démocratie, diaspora Togo / France
Aziadouvo Zeus Komi, journaliste et écrivain / Togo
Bambara Serge Martin, alias Smockey, porte-parole du Mouvement Balai Citoyen
/ Burkina-Faso
Baparape Aboubakar, avocat au barreau du Bénin, président de l’Organisation
pour la défense des droits de l’homme et des peuples au Bénin / Bénin
Djonabaye Laya, plate-forme de Concertation de la diaspora / Tchad
Diedhiou D. Alphonse, administrateur Afrique Solidarité ABSL / Sénégal
Goudiaby Bacary, journaliste et écrivain, président du Collectif des Sénégalais de
la diaspora en France / France
Imbong-Fadi Jean-Paul Méthode, avocat au barreau de Libreville / Gabon
Ihou Alexis, avocat au barreau de Lille / diaspora Togo
Kandji Abdou Khafor, Membre de la Coordination du Mouvement Y’en a marre /
Sénégal
Klutsè Clement, acteur politique germano-togolais, Allemagne
Kpandé-Adzaré N. Raphaël, avocat au barreau du Togo, président du Mouvement
Conscience Mandala / diaspora Togo
Kpodar Folly Gbetey, chargé des relations du Collectif des Togolais de Rhone-
Alpes / diaspora Togo
Elhajj Mohamed Madi Djabakaté, Politologue, président Honoraire du Centre
pour la gouvernance démocratique et la pévention des crises / Togo
Nadjombé Antoine Koffi, ex Premier Ministre du gouvernement légitime du Togo
/ Canada

N’Sougan Yaovi Cyriaque, Ingénieur, coordinateur général de la plate-forme Un
Cœur Pour Le Togo / diaspora Togo / Allemagne
Olympio Jean-Sylvanus, chef d’entreprise, diaspora Togo / France
Satchibou Issaou, président du Mouvement pour la justice sociale / Togo
Sogadji H. Emmanuel, président de la Ligue des consommateurs du Togo / Togo
Seck Alassane, Expert en droits humains, président de la Ligue sénégalaise des
droits humains
Wagbé S. Tchapou Wagbe, membre de la Diaspora togolaise en Allemagne /
diaspora Togo.
asvitto@gmail.com / ltdhtogo@gmail.com / mouvementconsciencemandela@gmail.com
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