DESTINATION BÉNIN : PÈRÈRÈ, FIÈRE CITÉ ET SYMBOLE DE BRAVOURE DE SAKA YERIMA.

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Située dans le département du Borgou, à 513 km de Cotonou,  la Commune de Pèrèrè est une ville au Nord-Est du Bénin. Un territoire réputé pour son passé  fortement marqué par sa royauté et ses grands héros qui ont vaillamment lutté pour la préservation des terres ancestrales contre les envahisseurs. À telle enseigne qu’aujourd’hui, il est impossible d’aborder toute présentation de Pèrèrè, sans commencer par rendre un hommage mérité à un prince guerrier du Baru Tem nommé Saka Yérima, premier héros de l’histoire du Borgou à lever une armée de soldats équipés de flèches, à bâtir un fortin au nord de Pèrèrè, pour lutter farouchement contre les salves de l’invasion coloniale française en pays Baatombu.

Un exploit réalisé vingt ans avant l’épopée Bio Guerra. Un héros, ironie du sort, ou volonté délibérée, est tombé dans l’oubli, parce que pas suffisamment cité, enseigné, à l’instar  de Gbêhanzin, Bio Guerra, Kaba, Samory Touré, El Hadj Omar et autres résistants à la pénétration française en Afrique Occidentale.  Et pourtant Saka Yérima, fils de Worou Kassakpérégui un puissant roi Baatombu, redoutable meneur d’hommes tout aussi vaillants, a posé tellement de difficultés à l’armée coloniale dans les localités de Tamason, Bonnuki, Yariyo Bansu,  que pour le défaire, il a fallu faire appel à un renfort de soldats de l’empire colonial français, convoyés depuis la Guinée-Conakry, pour venir appuyer le dispositif militaire présent en pays Baatombu.

Saka Yérima, tomba sous les tirs de l’armée coloniale française, le jeudi 31 décembre 1897, dans les environs de 10 heures, en même temps que sa femme qui est aujourd’hui considérée à Pèrèrè comme une héroïne, le symbole de dévouement de la femme Baatombu pour son mari, jusqu’au sacrifice suprême. Un héro aujourd’hui réhabilité par Djibril Debourou dans son livre intitulé « La résistance des Baatombu à la pénétration française dans le Haut-Dahomey (1895-1915) – Saka Yérima ou l’injuste oubli ». Un travail d’archives mémorable de 188 pages paru aux éditions l’Harmattan en 2016 et qui remet le vaillant guerrier sur son piédestal dans l’histoire Baatombu aux yeux du monde. Un hommage est rendu à ce héros chaque 31 décembre. 

Aujourd’hui, la Commune de Pèrèrè, telle que connue, est un vaste territoire qui s’étend sur une superficie de 2017 km2 pour une population estimée à plus de 80 000 habitants. Elle est constituée de 61 villages  divisée en six (06) arrondissements à savoir : Gninsy, Guinagourou, Kpané, Pébié, Sontou et Pèrèrè. Elle est limitée au Nord par la Commune de Nikki, au Sud par la Commune de Tchaourou, à l’Ouest par la Commune de N’dali, et à l’Est par le Nigéria.  

Elle a un conseil municipal de 19 membres et la gouvernance locale est sous la responsabilité du Maire Abdoulaye Nouhoum Allassane. 
Pèrèrè, c’est également un apport considérable à l’animation de la vie politique béninoise, à travers le Front d’Action pour le Renouveau Démocratique FARD-Alafia et dont Sacca Lafia, actuel Ministre de l’intérieur et de la Sécurité Publique, fut membre fondateur.

Un parti qui s’est éclipsé à la faveur de la réforme du système partisan et dont les ténors sont aujourd’hui répartis dans les deux plus  grands partis sur l’échiquier politique national. Le Premier Vice Président de l’Assemblée Nationale, 8 ème législature, première femme de l’histoire à ce poste,  madame Mariam Chabi Talata Zimé Yérima,  est également originaire de Pèrèrè.  

La Commune de Pèrèrè est une terre de brassage pour plusieurs ethnies en habitat groupé et très concentrées au niveau des chefs-lieux d’arrondissement, dont les plus importantes sont les Bariba et apparentés qui font 52,7% suivis des Peulh qui constituent 34,2%, les Otamari et apparentés 6%, les Dendi et apparentés évalués à 3,8%. Les ethnies étrangères à Pèrèrè ferment la marche avec 1,2% d’une population rurale qui s’adonne aux activités agricoles à 96,5% et  qui pratique en majorité l’islam comme religion.

Pèrèrè bénéficie d’un climat de type soudano-guinéen avec une saison sèche (novembre-mars), une saison pluvieuse (avril-octobre), avec un climat très influencé par l’harmattan. Les sols à Pèrèrè sont ferralitiques et ferrugineux.  La végétation est caractérisée par une savane arborée et de hautes herbes. On y rencontre des forêts encore à l’étape de la nature et des forêts galeries comportant des essences forestières très variées.

L’hydrographie à Pèrèrè est plutôt pauvre, puisque seul le fleuve Okpara traverse la Commune dans les arrondissements de Guinagourou, Sontou et Pèrèrè.

Outre les activités agricoles, l’élevage des bovins, notamment la race bovine du Borgou est très développée à Pèrèrè, assuré pour l’écrasante majorité par  les Peulh qui produisent à partir du lait de vache, le wagashi, un fromage très prisé qui s’exporte bien dans tout le Bénin. 

Sur le plan culturel, la Commune de Pèrèrè présente un tableau assez varié, propre à l’ère culturelle Baatombu  où l’on célèbre également avec faste la fête de la Gaani, une fête traditionnelle identitaire et cultuelle vieille de plus de sept siècles.

La fête de Yassandirou, une fête traditionnelle annuelle propre aux Moukou Yari et qui lance officiellement la consommation de la nouvelle igname, réunit chaque année devant la cour royale de Pèrèrè, fils et filles, têtes couronnées et autorités à divers niveaux pour des retrouvailles sous les bénédictions de l’actuel roi Bio Bouké III.

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